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Maisons de Plaisir

ou au bourgeois vicieux que l’air canaille de ces filles attire et émoustille.

Dans le jour, en attendant l’heure du travail, ces demoiselles se baladent par petites bandes.

Elles sont facilement reconnaissables à leur tenue. Coiffées en casque, les cheveux descendant très bas sur le front, l’air hardi, la voix enrouée, elles vont et viennent, insolentes, dévisageant le passant, prêtes à injurier l’honnête femme qui se retourne instinctivement sur leur passage.

Elles sont chaussées de petits souliers à talons hauts qui claquent sur le trottoir et habillées d’une courte jupe trotteuse.

Elles sont les clientes assidues des bars populaires qui se voient dans les avenues de Clichy et de Saint-Ouen et dont une grande partie de la clientèle se recrute parmi les souteneurs et les apaches.

Elles crient, gesticulent, se querellent avec véhémence et ont tout un vocabulaire d’injures pour ceux qui tenteraient de se mêler de leurs petites affaires.

Sous ce rapport, l’avenue de Saint-Ouen est encore plus mal partagée. C’est la dernière catégorie de filles qui s’y disputent les faveurs des passants — et quels passants, le plus souvent ! — attardés.

C’est la fille qui, pour abriter ses amours, n’a pas besoin de chambre d’hôtel, aussi modeste soit-elle.