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et Distractions Parisiennes

La tenancière tant soit peu habile sait composer d’ailleurs le bataillon de ses pensionnaires de façon à satisfaire tous les goûts, toutes les nuances, de goûts au point de vue physique comme au point de vue de l’esprit… si l’on ose s’exprimer ainsi.

Elle veut que son salon ou son estaminet réunisse tous les types : brunes, blondes, au moins une rousse, poliment dite blonde vénitienne, potelées, sveltes, tétonnières convenables, maigriottes à silhouette de collégien vicieux. Quelque variété dans l’ethnologie, en ayant soin de ne point laisser ignorer l’odyssée, est le fait d’une patronne avisée : la Juive d’origine portugaise à côté de la Flamande ; la Bordelaise ou Marseillaise se donnant pour une fille du Levant, à côté de la gamine de la petite banlieue parisienne, sans oublier la femme de couleur.

Il n’est pas jusqu’aux types moraux qui ne soient l’objet d’une observation raisonnée et d’un calcul : les gaies toujours riant haut, les dents découvertes, font bien, mélangées aux rêveuses ; les affectées, les prétentieuses, n’ont rien qui déplaise à la tenancière à côté des brutales effroyablement cyniques ; la canaille la plus avouée de langage, de gestes et de chevelure peut coudoyer le genre fin ou sérieux, le type réservé, discret, coiffé avec bandeaux à la vierge ; chacune trouvera amateur.

Enfin, la tenancière prévoyante a toujours soin d’avoir dans son personnel quelque étrangère,