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Maisons de Plaisir

C’est, dans ce cas, la sous-maîtresse — qui a fait ses preuves — et en qui « Madame » a toute confiance, qui dirige la maison et a plein pouvoir.

Quatre vingt dix-neuf fois sur cent, c’est une ex-prostituée, une ancienne fille de maison experte, rompue aux roueries du métier, sachant mener les hommes comme les filles elles-mêmes. C’est un personnage. Elle touche le prix de la « passe », sait « examiner » un homme douteux, fait aller tout le personnel au commandement.

Elle va, vient, le verbe haut, sèche, toujours en toilette montante, dont le satin, le velours ou la soie font un excellent contraste au milieu des tabliers blancs des bonnes et des peaux blanches ou ambrées des pensionnaires.

C’est une forte tête et qui administre âprement la maison ; non pas qu’elle soit en réalité dévouée à la tenancière, mais elle se dit qu’elle peut elle-même trouver de riches commanditaires et suc céder à la titulaire. Elle gagne couramment une annuité de six mille francs, qu’elle double largement.

Les pensionnaires sont généreuses aussi avec elle. Afin d’être désignées par elle, quand le client, ne voulant point paraître au salon, s’en remet au bon goût de l’intendante pour lui appeler une fille, il n’y a pas de cadeaux qu’elles ne lui fassent.