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Maisons de Plaisir

C’est un jour de congé ; l’amour forcé, payé, c’est son travail à elle et, comme elle est, somme toute, en vacance, elle ne veut pas entendre parler de travail.

Presque toujours, la femme de « maison » a un amant de cœur, un chéri qui l’a initiée au commerce de la prostitution et qui l’a, sinon obligée, mais souvent engagée à entrer dans une « tolérance », escomptant, pour lui, un profit plus large que celui qu’il tirait de sa prostitution libre.

C’est vers lui, vers ce souteneur qui l’a conduite au vice, à la « maison », qui l’a battue, volée et prostituée, qu’elle se rend, alerte et joyeuse, en son jour de sortie.

C’est vers lui qu’elle court, les poches pleines d’argent, les lèvres avides de baisers, la chair gourmande de caresses, de ces caresses qui la répugnent à l’heure du travail parce qu’elles lui sont payées et qui la transportent, venant de son « homme », qu’elle entretient comme un roi fainéant.

Elle le rejoint dans la chambre coquette et claire qu’elle lui a louée, meublée, et, après lui avoir remis une partie de ses économies, elle lui ouvre ses bras.

Lorsqu’elle est repue d’amour, elle sort avec son souteneur, et, tout le jour, toute la nuit qu’elle passera avec lui, c’est son argent, à elle, qui paiera tout le plaisir qu’ils prendront ensemble. Aucune somme ne la tentera ce jour-là ; vous