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Maisons de Plaisir

— A-t-on jamais vu ça, pour son roux !.… Comme si c’était un crime d’oublier une commission. Ce toupet, comme si j’avais mis des heures à lui remonter sa farine !…

Enfin, elle se calme et le monsieur peut parler à son tour.

Il connaît une maison discrète dans le quartier. Si elle veut l’y suivre, il saura la récompenser gentiment. Il est, maintenant, dans tous ses états, le suiveur amoureux du tablier blanc. Et, comme la rue où il a entraîné la petite bonne est noire et silencieuse, il se frôle contre elle, lui prend, d’un bras, un instant, sa taille ronde et lui murmure quelques paroles à l’oreille.

La bobonne est maintenant toute calme, très sérieuse. Elle écoute avec attention ce que chuchotte le monsieur de plus en plus emballé.

— Je ne vous dis pas non ! fait la boniche avec un brin de méfiance. Bien sûr que vous avez l’air bien… Mais quoi, pour dire vrai, moi, je ne vous connais pas ! Je ne vous connais pas beaucoup, il n’y a pas à dire le contraire… Alors, moi, vous savez, je ne suis pas une rien du tout… Et si je suis gentille, faut que je sache avant…

Le monsieur est relativement généreux, la petite bonne n’est pas très exigeante et on est vite d’accord.

Pour bien montrer qu’il n’est pas un vilain monsieur, le suiveur glisse à la jeune fille, son petit cadeau dans la main.