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et Distractions Parisiennes

jeune bonne ne se tiendra pas debout. Erreur ! À l’heure réglementaire, elle est en bas et, alerte et joyeuse, elle « fait » son appartement en chantonnant une romance d’amour.

Jamais elle n’a eu autant de cœur à l’ouvrage et, à dix heures du matin, après avoir relevé son toupet un peu affaissé, ceint son tablier blanc, elle est toute prête à aller faire son marché.

Son panier au bras, elle trottine allègrement, le nez au vent, l’air décidé, le rire prêt à fuser au moindre mot qu’on lui lance.

Elle regarde de droite à haute, fredonne un refrain qui court la rue, balance ses clefs au bout de sa main droite, s’arrête un instant pour rigoler avec une copine qui va aussi aux provisions et, avec force détails et gestes, toutes deux se racontent leurs dernières frasques.

Elles pouffent de rire, car elles viennent d’apercevoir, en face, sur le trottoir, un vieux monsieur qui les reluque. Elles connaissent ça ; elles y sont habituées, car il ne se passe autant dire pas de jours qu’elles ne soient suivies ou accostées ou au marché, où dans la rue.

Elles traduisent leur pensée par ces mots :

— Encore un singe qui va nous courir après !

Et la petite bonne d’enfants ! Qui ne s’est pas amusé à regarder son manège ?…

Coquette, chapeautée, gantée, elle pousse devant elle la voiturette élégante, où dort le bébé confié à ses soins.