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Maisons de Plaisir

frir, elle ! Heureusement que les messieurs galants ne manquent pas !

Le monsieur parle, parle abondamment et la petite ouvrière, séduite par les offres tentantes qu’on lui expose, n’est pas longue à se décider.

Le suiveur a gagné sa cause ; la midinette n’ira pas à la crèmerie aujourd’hui. Elle suit le monsieur qui, au restaurant, commandera un bon petit menu et qui, très à l’écart des autres tables, dans un coin qu’il a choisi tout exprès, parlera d’amour à la jeune fille, et de tout l’intérêt qu’il y a pour elle à l’écouter.

Elle manque de tant de choses, la pauvrette ; de tout ce qui constitue le bonheur des femmes. Elle sait qu’en écoutant son interlocuteur, elle s’enrichira d’un bibelot, d’une robe, d’un bijou ou d’un chapeau dont elle a tant envie et qui est inaccessible à sa bourse d’ouvrière.

Un tout petit peu de courage — et ce n’est pas ce qui lui manque — un brin de répugnance à surmonter quand le monsieur est vraiment par trop âgé, et c’est tout ce qu’il lui faut pour avoir midinette succombe.

La tentation est bien forte, et, très souvent, la ce qu’elle désire.

Les midinettes sans bonne fortune s’en vont, au sortir de l’atelier, déjeuner modestement dans une crèmerie des alentours.