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et Distractions Parisiennes

Oh ! le menu est bien simple ; le plus souvent deux œufs, un peu de fromage et un verre de lait suffisent à apaiser la faim des ouvrières.

Par contre, si le repas est peu abondant, la plus franche gaieté règne dans la boutique.

On est là entre connaissances. Il y a des ouvrières d’une autre « boîte » qui sont des amies et qu’on interpelle d’une table à l’autre ; puis, aussi, des employés d’un magasin du quartier et qui sont, sinon des amis, des camarades.

Et toute ce monde là papotte, rit, jacasse, cancane et s’amuse avec tout l’entrain de la belle jeunesse et de la joie de vivre que cause les vingt ans.

Ah, oui, elles sont gaies les folles filles, réunies là, ensemble. Pour rien, elles éclatent de rire ; elles se pâment de gaieté.

Mais, bientôt, elles éprouvent le besoin de se secouer et elles désertent la crèmerie. En bandes, se tenant par le bras, les voilà dehors, flânant, musant sur les grands boulevards.

À leurs trousses, surgissent aussitôt les oisifs à l’affût d’une bonne fortune : vieux messieurs amoureux des fruits verts ; jeunes élégants qui en pincent pour l’ouvrière.

Les ouvrières ne sont pas farouches et la conversation s’engage facilement.

Les suiveurs chuchotent gentiment des offres