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et Distractions Parisiennes

Mais la midinette se souvient de ses débuts et si elle est arrogante avec les autres, elle aime à revoir ses compagnes d’atelier.

Pour épater son ancien patron, elle s’amuse, un beau jour, à s’annoncer chez lui comme cliente.

Ce n’est plus lui qui commande ; c’est elle et elle s’y entend. Elle se fait montrer toutes les étoffes ; elle réclame les mannequins, — elle était de cette partie et elle sait que le patron enrage quand une cliente exigeante accapare tous les mannequins — puis, elle les fait défiler devant elles avec tous les modèles de la saison.

Elle est si peu regardante pour la dépense que le grand couturier, impassible, a garde de se montrer impatient.

Et quand l’ancien mannequin, ou l’ex-midinette a enfin choisi tout un assortiment de robes, elle ne dédaigne pas d’aller faire un tour à l’atelier et dans les salons.

Si elle retrouve d’anciennes camarades, elle est gentille, pas fière avec elles, si bonne fille que les pauvres cousettes ne peuvent pas même mélanger un brin de jalousie au sentiment d’envie qui étreint leur cœur.

Il ne faudrait pourtant pas croire que toutes les ouvrières font fi de leur vertu. Beaucoup encore parmi elles sont absolument sages et déci-