humiliations en sollicitant des associés et des protecteurs, et c’est ainsi que par sa remuante activité il parvint à réunir des actionnaires à diverses époques et à leur faire débourser les sommes nécessaires pour réaliser ses projets.Beaucoup ne réussirent point ; mais on prétend qu’il restait toujours à Arkwright un peu plus qu’il n’avait en commençant, et toujours assez d’habileté pour enthousiasmer de nouveaux sociétaires. Arkwright était en 1760, barbier coiffeur de Bolton-le-Moors, déjà renommé par la couleur qu’il savait donner aux cheveux qu’il vendait. Il épousa une femme de Leigh et c’est dans cette ville qu’il apprit les inventions du malheureux Highs. On pourrait croire qu’il chercha à faire connaissance avec lui, pour lui surprendre son projet ; mais il déploya plus de finesse. Il sut que Kay, l’ouvrier horloger, dont je vous ai parlé qui résidait alors à quelques lieues de là, à Warrington, avait travaillé pour Highs ; il s’introduisit chez lui pour lui faire tourner quelques pièces de cuivre destinées, disait-il, à un grand mécanisme qui devait lui donner le mouvement perpétuel. Un jour, c’était en 1767, il emmena Kay dans un cabaret pour lui parler mécanique. Kay, flatté sans doute de la politesse d’Arkwright, et n’ayant probablement pas des principes bien arrêtés sur le respect de la propriété, lui conseilla de s’occuper plutôt d’une machine à filer, en lui promettant sans doute quelques bons conseils. Arkwright feignit d’abord une assez grande indifférence, mais le lendemain matin il avait rejoint son homme et il en avait obtenu le modèle de la continue de Highs.
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