Page:Blanqui - Cours d’économie industrielle 1837-1838.djvu/186

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réellement des marchandises et non pas seulement des signes, comme on l’a prétendu, chaque fois que, par une erreur déplorable et trop de fois renouvelée, on en altéra le titre. Lorsqu’au lieu de 9 parties d’argent fin et une partie d’alliage sur 10, on mit 2, 3, 4 ou 5 parties d’alliage, et 8, 7, 6 ou 5 parties d’argent, on eut beau appeler les monnaies, ainsi altérées, du même nom que lorsqu’elles étaient à neuf dixièmes de fin, le public ne voulut plus les recevoir que pour ce qu’elles contenaient réellement d’argent, et chacun exigea un plus grand nombre de pièces qu’auparavant en échange des mêmes objets. Malgré cette diminution réelle, les gouvernements ne convinrent pas de leur faute, et la répétèrent constamment ; ils en commirent encore une autre, ce fut de considérer l’or et l’argent comme la richesse même, tandis que ces métaux ne sont que des intermédiaires, des instruments de commerce, et qu’ils n’ont pas même une utilité matérielle aussi grande que d’autres métaux, le fer, par exemple, avec lequel on peut faire des outils, tandis qu’ils sont impropres à cet usage. Partant de cette idée fausse, on défendit long-temps l’exportation de l’or et de l’argent hors du royaume, sous des peines d’une sévérité draconienne, celle de la mort entre autres ; et on ne vit pas qu’en leur qualité de marchandise, qualité qu’on leur déniait à la vérité, ils pouvaient être expédiés hors du royaume, en paiement d’achats faits à l’étranger, avec plus d’avantage pour l’exporteur comme pour le destinataire, que toute autre marchandise : cas qui se