Page:Blanqui - Cours d’économie industrielle 1837-1838.djvu/190

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dans lesquelles la quantité de cuivre forme si exactement la 10e partie du poids de l’or ou de l’argent, étaient autrefois, et même sous Louis XIV et Louis XV, dans un état de falsification constante ; la collection des capitulaires, lois, édits et ordonnances du royaume ne contiennent pas moins de 760 pièces relatives à des altérations de monnaies. C’est surtout après la découverte du nouveau monde et l’exploitation de ses mines que ce genre de méfaits se multiplia en Europe. « Ceux qui n’avaient pas de mines s’imaginèrent qu’ils en trouveraient l’équivalent dans la réduction du poids et du titre de leurs écus, et la fausse monnaie devint, pour les gouvernements, une arme à deux tranchants, dont ils se blessaient eux-mêmes en essayant de s’en servir contre leurs ennemis.

Ainsi firent les Hollandais, dans leur révolution contre l’Espagne, et les Français, au xviie siècle, dans leur guerre contre les Espagnols. Venise et Florence même, ces républiques opulentes, ne se refusèrent pas ce supplément ignoble de revenu[1]. Le mal avait jeté partout de profondes racines, et l’Europe n’était pas seulement inondée de mauvaises monnaies, mais encore d’un nombre considérable de livres sur la monnaie ; les uns écrits au nom du public pour signaler les inconvénients des altérations, les autres par le gouvernement ou ses amis, pour défendre les refontes. Les plus grandes erreurs et les vérités les plus incontestables sont accumulées dans ces livres, qui n’ont

  1. Histoire de l’Économie Politique I, p. 583.