Page:Blanqui - Cours d’économie industrielle 1837-1838.djvu/227

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de se bien pénétrer du caractère essentiel des billets ; ceux émis par les banques aussi bien que ceux souscrits par les simples particuliers, doivent toujours être exigibles à un très court délai près. Quand un établissement public ou un particulier faisant fonctions de banque avancent de l’argent, la valeur de ceux-ci doit être représentée en caisse par des effets à échéance très rapprochés ; ils ne peuvent donc verser leurs fonds dans une entreprise d’où ils ne pourraient le retirer promptement : les travaux publics, les constructions de maisons, ne peuvent ainsi être commandités par eux. Qu’un propriétaire, par exemple, emprunte 100,000 fr. à une banque ou à un capitaliste contre ses billets ; et qu’il les emploie à bâtir une maison, à payer ses ouvriers, ses entrepreneurs. Si, ce qui arrive fréquemment, sa maison n’est pas habitable avant l’échéance des billets, ou que, terminée, elle ne soit pas encore louée, le propriétaire ne pourra remplir ses engagements ; et la banque se trouvera avoir en main des non-valeurs. Elle sera obligée, pour se faire rembourser, de recourir à l’expropriation ; c’est-à-dire de se soumettre à toutes les lenteurs et les formalités qu’entraîne notre régime hypothécaire ; et après une attente de 15 ou 18 mois elle vendra la maison au dessous de ce qu’elle aura coûté, elle sera en perte sur ses avances et le propriétaire sera ruiné. Le même raisonnement est applicable aux travaux d’usine, aux creusements de canaux, constructions de routes ; l’époque de leur mise en activité est fort éloignée, leurs revenus sont incertains ;