Page:Blanqui - Cours d’économie industrielle 1837-1838.djvu/294

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est plus heureuse. Jamais elle ne fut en plus complète décadence, que lorsque le propriétaire habitant de la ville, laissa le soin d’administrer ses biens à un intendant ; et que le cultivateur proprement dit fut réduit à un dur esclavage.

Le fermage contribuera d’autant plus à la prospérité de l’agriculture, que le fermier tiendra plus du propriétaire et qu’il s’éloignera aussi plus de la condition de serf censitaire ou de métayer. L’Angleterre et la France pourront me fournir des faits à l’appui de cette assertion.

En Angleterre le fermier peut jusqu’à un certain point se considérer comme propriétaire ; en effet au lieu d’avoir comme en France un bail de six ou neuf ans, quinze ans au plus ; il a un bail emphitéotique qui peut durer de 60 à 99 ans. Il n’est pas difficile de comprendre les résultats différents que l’on doit obtenir avec ces systèmes le fermier anglais, franc tenancier (free holder) à l’abri de la longueur de son bail, peut entreprendre des essais et faire des améliorations il est sûr d’en retirer les fruits. D’un autre côté un simple fermage de deux livres (cinquante francs) le rend électeur. Mais en France, un fermier n’ose rien entreprendre ; il ne plante pas d’arbres, parce qu’il est sûr que ses enfants ne les couperont point ; il ne renouvelle pas ses fonds de terre par des engrais suffisants, parce que son capital n’aura pas le temps de lui rentrer. Il travaille et vit au jour le jour.

Une autre cause agit encore en France au détriment de l’agriculture et s’oppose à ses progrès. La propriété est très divisée ; pour 10 millions de pro-