Page:Blanqui - Cours d’économie industrielle 1837-1838.djvu/295

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priétaires, on y compte 120 millions de parcelles, et comme si ce n’était pas encore assez de ce tamisage du sol, les détenteurs de portions un peu considérables les subdivisent encore en plusieurs exploitations. Une avidité mal entendue a poussé les propriétaires vers ce système. Les fermiers aisés pouvant se passer d’eux, ont refusé de souscrire des contrats à des prix désavantageux ; c’est alors qu’ils ont divisé leurs fermes en petits lots, et qu’ils ont pu profiter de la concurrence que se livrent des travailleurs malheureux, qui n’analysent pas toujours bien les conditions qu’on leur offre, et qui souscrivent souvent des engagements qu’ils ne peuvent pas remplir. Ce triste résultat, qu’il y a lieu de déplorer aujourd’hui dans plusieurs parties de la France, s’explique très bien par l’impossibilité dans laquelle se trouvent vis-à-vis des grands fermiers, les journaliers devenus fermiers qui n’ont ni assez de chevaux pour labourer, ni assez de voitures pour effectuer les transports. Aussi quand vient le moment de payer le fermage ou la rente, ils vendent leurs récoltes comme ils peuvent et presque toujours à perte. Admettez maintenant qu’un orage ait détruit leur habitation, qu’une maladie ait ravagé leurs troupeaux ; que des insectes ont dévasté leurs récoltes, il ne leur reste plus d’autre ressource que l’hôpital. C’est alors que pour sortir d’embarras beaucoup d’entre eux veulent de nouvelles terres, et que de nouvelles avances devenant nécessaires ils cherchent à emprunter. Dès ce moment leur ruine est certaine ; l’usure s'attache à eux et absorbe toutes leurs res-