Page:Blanqui - Cours d’économie industrielle 1837-1838.djvu/45

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rez le commerce dans une grande ville et dans un village d’un côté vous verrez tout se subdiviser à l’infini, des industries presque sœurs se sépareront, le marchand de papier peint ne vendra pas de papier blanc de l’autre côté au contraire vous verrez toutes les professions, toutes les industries se confondre, le charron sera maréchal et serrurier, l’épicier vendra du vin et sa femme des bonnets. De cette différence il résultera que dans la ville les mêmes marchandises seront moins chères que dans le village, bien que celui-ci soit exempt d’impôt et que les loyers y soient moins chers. C’est l’abondance des capitaux qui aura produit ce phénomène ; c’est par elle que le marchand de la ville aura pu acheter à meilleur compte en prenant de plus fortes parties c’est qu’il s’adressera à des consommateurs plus riches et plus nombreux, et qu’il pourra dès lors réduire ses bénéfices partiels parce qu’il est sur de les voir se multiplier.

L’action du capital sur industrie n’est pas moins remarquable que celle qu’il exerce sur le commerce. Adam Smith nous en cite un exemple curieux dans la fabrication des épingles. Il suppose une fabrique assez mal montée et composée seulement de dix ouvriers ; si chacun d’eux était obligé de faire des épingles entières depuis la première opération jusqu’à la dernière il en ferait à peine 20 dans sa journée, soit 200 pour les dix ouvriers ; si au contraire ils se partagent la besogne et que chaque ouvrier fasse toujours la même ou les mêmes opérations, ils acquerront tous une telle habileté qu’ils pourront faire 43,000 épin-