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Page:Blanqui - L’Éternité par les astres, 1872.djvu/16

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V

OBSERVATIONS SUR LA COSMOGONIE DE LAPLACE. – LES COMÈTES.


Laplace a puisé son hypothèse dans Herschell qui l’avait tirée de son télescope. Tout entier aux mathématiques, l’illustre géomètre s’occupe beaucoup du mouvement des astres et fort peu de leur nature. Il ne touche à la question physique qu’avec nonchalance, par de simples affirmations, et se hâte de retourner aux calculs de la gravitation, son objectif permanent. Il est visible que sa théorie est aux prises avec deux difficultés capitales : l’origine ainsi que la haute température des nébuleuses, et les comètes. Ajournons pour un instant les nébuleuses et voyons les comètes. Ne pouvant à aucun titre les loger dans son système, l’auteur, pour s’en défaire, les envoie promener d’étoile en étoile. Suivons-les, afin de nous en débarrasser nous-mêmes.

Tout le monde aujourd’hui en est arrivé à un profond mépris des comètes, ces misérables jouets des planètes supérieures qui les bousculent, les tiraillent en cent façons, les gonflent aux feux solaires, et finissent par les jeter dehors en lambeaux. Déchéance complète ! Quel humble respect jadis, quand on saluait en elles des messagères de mort ! Que de huées et de sifflets depuis qu’on les sait inoffensives ! On reconnaît bien là les hommes.

Toutefois, l’impertinence n’est pas sans une légère nuance d’inquiétude. Les oracles ne se privent pas de contradictions. Ainsi Arago, après avoir proclamé vingt fois la nullité abso-