Page:Blanqui - L’Éternité par les astres, 1872.djvu/21

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torisent pas l’évasion des détachements capturés par les planètes.

Reprenons l’histoire de ces nihilités chevelues. Si elles évitent Saturne, c’est pour tomber sous la coupe de Jupiter, le policier du système. En faction dans l’ombre, il les flaire, avant même qu’un rayon solaire les rende visibles, et les rabat éperdues vers les gorges périlleuses. Là, saisies par la chaleur et dilatées jusqu’à la monstruosité, elles perdent leur forme, s’allongent, se désagrègent et franchissent à la débandade la passe terrible, abandonnant partout des traînards, et ne parvenant qu’à grand’peine, sous la protection du froid, à regagner leurs solitudes inconnues.

Celles-là seules échappent, qui n’ont pas donné dans les traquenards de la zone planétaire. Ainsi, évitant de funestes défilés, et laissant au loin, dans les plaines zodiacales, les grosses araignées se promener au bord de leurs toiles, la comète de 1811 fond des hauteurs polaires sur l’écliptique, déborde et tourne rapidement le soleil, puis rallie et reforme ses immenses colonnes dispersées par le feu de l’ennemi. Alors seulement, après le succès de la manœuvre, elle déploie aux regards stupéfaits les splendeurs de son armée, et continue majestueusement sa retraite victorieuse dans les profondeurs de l’espace.

Ces triomphes sont rares. Les pauvres comètes viennent, par milliers, se brûler à la chandelle. Comme les papillons, elles accourent légères, du fond de la nuit, précipiter leur volte autour de la flamme qui les attire, et ne se dérobent point sans joncher de leurs épaves les champs de l’écliptique. S’il faut en croire quelques chroniqueurs des cieux, depuis le soleil jusque par delà l’orbe terrestre, s’étend un vaste cimetière de comètes, aux lueurs mystérieuses, apparaissant les soirs et matins des jours purs. On reconnaît les