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Page:Blanqui - L’Éternité par les astres, 1872.djvu/33

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ses fils que par mariage. Quelles peuvent être les noces et les enfantements de ces géants de la lumière ?

Lorsqu’après des millions de siècles, un de ces immenses tourbillons d’étoiles, nées, gravitant, mortes ensemble, achève de parcourir les régions de l’espace ouvertes devant lui, il se heurte sur ses frontières avec d’autres tourbillons éteints, arrivant à sa rencontre. Une mêlée furieuse s’engage durant d’innombrables années, sur un champ de bataille de milliards de milliards de lieues d’étendue. Cette partie de l’univers n’est plus qu’une vaste atmosphère de flammes, sillonnées sans relâche par la foudre des conflagrations qui volatilisent instantanément étoiles et planètes.

Ce pandémonium ne suspend pas un instant son obéissance aux lois de la nature. Les chocs successifs réduisent les masses solides à l’état de vapeurs, ressaisies aussitôt par la gravitation qui les groupe en nébuleuses tournant sur elles-mêmes par l’impulsion du choc, et les lance dans une circulation régulière autour de nouveaux centres. Les observateurs lointains peuvent alors, à travers leurs télescopes, apercevoir le théâtre de ces grandes révolutions, sous l’aspect d’une lueur pâle, mêlée de points plus lumineux. La lueur n’est qu’une tache, mais cette tache est un peuple de globes qui ressuscitent.

Chacun des nouveau-nés vivra d’abord son enfance solitaire, nuée embrasée et tumultueuse. Plus calme avec le temps, le jeune astre détachera peu à peu de son sein une nombreuse famille, bientôt refroidie par l’isolement, et ne vivant plus que de la chaleur paternelle. Il en sera l’unique représentant dans le monde qui ne connaîtra que lui, et n’apercevra jamais ses enfants. Voilà notre système planétaire, et nous habitons l’une des plus jeunes filles, suivie seu-