Page:Blanqui - L’Éternité par les astres, 1872.djvu/38

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Six mille ans, c’est pour un marcheur médiocre comme notre globe, le cinquième de la route jusqu’à Sirius. Pas un indice, rien. Le rapprochement vers la constellation d’Hercule reste une hypothèse. Nous sommes figés sur place, les étoiles aussi. Et cependant, nous sommes en route avec elles vers le même but. Elles sont nos contemporaines, nos compagnes de voyage, et de là vient peut-être leur apparente immobilité : nous avançons ensemble. Le chemin sera long, le temps aussi, jusqu’à l’heure des vieillesses, puis des morts, et enfin des résurrections. Mais ce temps et ce chemin devant l’infini, c’est un tout petit point, et pas un millième de seconde. Entre l’étoile et l’éphémère l’éternité ne distingue pas. Que sont ces milliards de soleils se succédant à travers les siècles et l’espace ? Une pluie d’étincelles. Cette pluie féconde l’univers.

C’est pourquoi le renouvellement des mondes par le choc et la volatilisation des étoiles trépassées, s’accomplit à toute minute dans les champs de l’infini. Innombrables et rares à la fois sont ces conflagrations gigantesques, selon que l’on considère l’univers ou une seule de ses régions. Quel autre moyen pourrait y suppléer pour le maintien de la vie générale ? Les nébuleuses-comètes sont des fantômes, les nébulosités stellaires, colligées on ne sait comment, sont des chimères. Il n’y a rien dans l’étendue que les astres, petits et gros, enfants, adultes ou morts, et toute leur existence est à jour. Enfants, ce sont les nébuleuses volatilisées ; adultes, ce sont les étoiles et leurs planètes ; mortes, ce sont leurs cadavres ténébreux.

La chaleur, la lumière, le mouvement, sont des forces de la matière, et non la matière elle-même. L’attraction qui précipite dans une course incessante tant de milliards de globes, n’y pourrait ajouter un atome. Mais elle est la grande force