Page:Blanqui - L’Éternité par les astres, 1872.djvu/39

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fécondatrice, la force inépuisable que nulle prodigalité n’entame, puisqu’elle est la propriété commune et permanente des corps. C’est elle qui met en branle toute la mécanique céleste, et lance les mondes dans leurs pérégrinations sans fin. Elle est assez riche pour fournir à la revivification des astres le mouvement que le choc transforme en chaleur.

Ces rencontres de cadavres sidéraux qui se heurtent jusqu’à résurrection, sembleraient volontiers un trouble de l’ordre. – Un trouble ! Mais qu’adviendrait-il si les vieux soleils morts, avec leurs chapelets de planètes défuntes, continuaient indéfiniment leur procession funèbre, allongée chaque nuit par de nouvelles funérailles ? Toutes ces sources de lumière et de vie qui brillent au firmament s’éteindraient l’une après l’autre, comme les lampions d’une illumination. La nuit éternelle se ferait sur l’univers.

Les hautes températures initiales de la matière ne peuvent avoir d’autre source que le mouvement, force permanente, dont proviennent toutes les autres. Cette œuvre sublime, l’épanouissement d’un soleil, n’appartient qu’à la force-reine. Toute autre origine est impossible. Seule, la gravitation renouvelle les mondes, comme elle les dirige et les maintient, par le mouvement. C’est presque une vérité d’instinct, aussi bien que de raisonnement et d’expérience.

L’expérience, nous l’avons chaque jour sous les yeux, c’est à nous de regarder et de conclure. Qu’est-ce qu’un aérolithe qui s’enflamme et se volatilise en sillonnant l’air, si ce n’est l’image en petit de la création d’un soleil par le mouvement transformé en chaleur ? N’est-ce point aussi un désordre, ce corpuscule détourné de sa course pour envahir l’atmosphère ? Qu’avait-il à y faire de normal ? Et parmi ces nuées d’astéroïdes, fuyant avec une vitesse planétaire sur la