Page:Blanqui - L’Éternité par les astres, 1872.djvu/41

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elles se classent lentement, d’après les lois de la pesanteur, par le travail d’organisation de la nébuleuse.

Dans chaque système stellaire, les densités doivent donc s’échelonner selon le même ordre, de sorte que les planètes se ressemblent, non point si elles appartiennent au même soleil, mais si leur rang correspond chez tous les groupes. En effet, elles possèdent alors des conditions identiques de chaleur, de lumière et de densité. Quant aux étoiles, leur constitution est assurément pareille, car elles reproduisent les mélanges issus, des milliards de fois, du choc et de la volatilisation. Les planètes, au contraire, représentent le triage accompli par la différence et le classement des densités. Certes, le mélange des éléments stello-planétaires, préparé par l’infini, est autrement complet et intime que celui de drogues qui seraient soumises, cent ans, au pilon continu de trois générations de pharmaciens.

Mais j’entends des voix s’écrier : « Où prend-on le droit de supposer dans les cieux cette tourmente perpétuelle qui dévore les astres, sous prétexte de refonte, et qui inflige un si étrange démenti à la régularité de la gravitation ? Où sont les preuves de ces chocs, de ces conflagrations résurrectionnistes ? Les hommes ont toujours admiré la majesté imposante des mouvements célestes, et l’on voudrait remplacer un si bel ordre par le désordre en permanence ! Qui a jamais aperçu nulle part le moindre symptôme d’un pareil tohu-bohu ?

» Les astronomes sont unanimes à proclamer l’invariabilité des phénomènes de l’attraction. De l’aveu de tous, elle est un gage absolu de stabilité, de sécurité, et voici surgir des théories qui prétendent l’ériger en instrument de cataclysmes. L’expérience des siècles et le témoignage universel repoussent avec énergie de telles hallucinations. »