Page:Blanqui - L’Éternité par les astres, 1872.djvu/40

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voie de leur orbite, pourquoi l’écart d’un seul plutôt que de tous ? Où est en tout cela la bonne gouverne ?

Pas un point où n’éclate incessamment le trouble de cette harmonie prétendue, qui serait le marasme et bientôt la décomposition. Les lois de la pesanteur ont, par millions, de ces corollaires inattendus, d’où jaillissent, ici une étoile filante, là une étoile-soleil. Pourquoi les mettre au ban de l’harmonie générale ? Ces accidents déplaisent, et nous en sommes nés ! Ils sont les antagonistes de la mort, les sources toujours ouvertes de la vie universelle. C’est par un échec permanent à son bon ordre, que la gravitation reconstruit et repeuple les globes. Le bon ordre qu’on vante les laisserait disparaître dans le néant.

L’univers est éternel, les astres sont périssables, et comme ils forment toute la matière, chacun d’eux a passé par des milliards d’existences. La gravitation, par ses chocs résurrecteurs, les divise, les mêle, les pétrit incessamment, si bien qu’il n’en est pas un seul qui ne soit un composé de la poussière de tous les autres. Chaque pouce du terrain que nous foulons a fait partie de l’univers entier. Mais ce n’est qu’un témoin muet, qui ne raconte pas ce qu’il a vu dans l’Éternité.

L’analyse spectrale, en révélant la présence de plusieurs corps simples dans les étoiles, n’a dit qu’une partie de la vérité. Elle dit le reste peu à peu, avec les progrès de l’expérimentation. Deux remarques importantes. Les densités de nos planètes diffèrent. Mais celle du soleil en est le résumé proportionnel très-précis, et par là il demeure le représentant fidèle de la nébuleuse primitive. Même phénomène sans doute dans toutes les étoiles. Quand les astres sont volatilisés par une rencontre sidérale, toutes les substances se confondent en une masse gazeuse qui jaillit du choc. Puis