Aller au contenu

Page:Blanqui - L’Éternité par les astres, 1872.djvu/57

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

visible, une seule édition de notre planète. C’est mille ou cent mille fois peut-être cet intervalle qui serait à franchir, avant d’avoir la chance d’une de ces rencontres. Parmi mille millions de systèmes stellaires, qui peut dire si l’on trouverait une seule reproduction de notre groupe ou de l’un de ses membres ? Et pourtant, le nombre en est infini. Nous disions au début : « Chaque parole fût-elle l’énoncé des plus effroyables distances, on parlerait ainsi des milliards de milliards de siècles, à un mot par seconde, pour n’exprimer en somme qu’une insignifiance, dès qu’il s’agit de l’infini. »

Cette pensée trouve ici son application. Comme types spéciaux, chacun à un seul exemplaire, les myriades de terres à différence quelconque ne seraient qu’un point dans l’espace. Chacune d’elles doit être répétée à l’infini, avant de compter pour quelque chose. La terre, sosie exact de la nôtre, du jour de sa naissance au jour de sa mort, puis de sa résurrection, cette terre existe à milliards de copies, pour chacune des secondes de sa durée. C’est sa destinée comme répétition d’une combinaison originale, et toutes les répétitions des autres types la partagent.

L’annonce d’un duplicata de notre résidence terrestre, avec tous ses hôtes sans distinction, depuis le grain de sable jusqu’à l’empereur d’Allemagne, peut paraître une hardiesse légèrement fantastique, surtout quand il s’agit de duplicata tirés à milliards. L’auteur, naturellement, trouve ses raisons excellentes, puisqu’il les a rééditées déjà cinq à six fois, sans préjudice de l’avenir. Il lui semble difficile que la nature, exécutant la même besogne avec les mêmes matériaux et sur le même patron, ne soit pas contrainte de couler souvent sa fonte dans le même moule. Il faudrait plutôt s’étonner du contraire.

Quant aux profusions du tirage, il n’y a pas à se gêner