Page:Blasco-Ibáñez - Les Quatre Cavaliers de l’Apocalypse.djvu/43

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jardin pour raccourcir leur route. L’allée se transformait en rue, et tous les passants jetaient un regard curieux sur cette dame élégante et sur son compagnon, blottis derrière les arbustes comme des gens qui cherchent à se cacher. Quelques-uns les dévisageaient avec réprobation ; d’autres, encore plus agaçants, souriaient d’un air de complicité protectrice.

— Quel ennui ! soupira Marguerite. On va nous surprendre.

Une jeune fille la regarda fixement, et Marguerite crut reconnaître une employée d’un couturier fameux

— Allons-nous-en vite ! dit-elle. Si on nous voyait ensemble !…

Jules protesta. Pourquoi s’en aller ? Ils couraient partout le même risque d’être reconnus. D’ailleurs c’était sa faute, à elle. Puisqu’elle avait si peur de la curiosité des gens, pourquoi n’acceptait-elle de rendez-vous que dans des lieux publics ? Il y avait un endroit où elle serait à l’abri de toute surprise ; mais elle s’était toujours refusée à y venir.

— Oui, oui, je sais : ton atelier. Je t’ai déjà dit cent fois que non.

— Mais puisque nos affaires sont presque réglées ? Puisque nous serons mariés dans quelques mois ?

— N’insiste pas. Je veux que tu épouses une femme honnête.

Il eut beau plaider avec une éloquence passionnée, elle resta ferme dans sa résolution. Il se résigna donc