Page:Block - Dictionnaire général de la politique, tome 2.djvu/113

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

fluence dont le gouvernement impérial, après avoir essayé de négocier avec elle (Villetard, Histoire de l’Internationale, p. i94), nuit par s’alarmer. Le bureau de Paris eut à subir trois procès (mars et mai 1868, juillet 1870), plusieurs membres du bureau furent condamnés, d’abord à une amende assez faible, ensuite à un an de prison. Ces condamnations ne paraissent pas avoir arrêté les progrès de l’Internationale. Les événements de 1870 allaient exercer une influence décisive sur les destinées de l’Internationate. C’est une justice à lui rendre qu’elle a d’abord énergiquement protesté contre la guerre. Les membres parisiens rédigèrent dans ce sens un « manifeste aux travailleurs de tous les pays. » Le 23 juillet, )e conseil général publiait un manifeste analogue Si les classes ouvrières de l’Allemagne, y lisonsnous, permettent à la guerre actuelle de perdre son caractère strictement défensif et de dégénérer en guerre offensive contre le peuple français, une victoire ou une défaite seront également désastreuses. "D’après M. Fribourg, t’internationale, en tant que corps constitué, prit peu de part à la révolution du 4 septembre on ne la retrouve pas non plus bien active dans la défense de Paris (l’/ ?~erM«<onale, p. t43). Le lieu de ses réunions avait été -transféré alors rue de la Corderie-du-Temple, et ses anitiés tenaient, dans la salle de la Courdes-Miracles, près du passage du Caire, un club assez peu suivi (club de la CoMr-dM-Jf~’ac~e~). L’Internationale ne donna guère signe de vie qu’à la veille de la Commune. Quelle part pritelle à l’insurrection du 18 mars ? Il est difficile de le dire. Deux de ses membres seulement, Varlin et Avoine fils, figuraient parmi les 36 membres dont se composait le « comité central de la garde nationale. En revanche, sur les 79 membres de la Commune, 20 appartenaient à l’Internationale ; quelques-uns, Ch. Beslay, Theisz, Longuet, étaient parmi les modérés ; d’autres, au contraire, tels que Vésinier, Pindy, Varlin, nguraient au nombre des promoteurs des résolutions et des mesures violentes. Le 23 mars, une circulaire émanée du conseil fédérât des sections provisoires et de la chambre fédérale des sociétés ouvrières avait engagé le peuple de Paris à voter pour la Commune, qui allait être élue trois jours plus tard (26 mars). C’est la seule pièce émanée de l’association que nous trouvions dans le recueil des documents de cette époque Mais immédiatement après la répression de l’insurrection (le. 30 mai 1871), le conseil général de Londres publiait un long manifeste adressé « à tous les membres de l’association, en Europe et aux États-Unis e, dans lequel l’insurrection du 18 mars était justinée et IaCommuneg !orinée*. s. Un tollé général s’éleva alors contre l’Internationale, et il fut question même de conclure une convention entre les gouverne1. Le Gouvernement du te~emtre et la Commune de Paris, par Emile Andréoli, p.215. .Dn trouvera ce document dans l’~M/ûtM de Mn<tnMtH<xx) !t, par Edmond Vllletard, tppendfce, p. 9 :7. ments pour la prohiber. Ce projet n’aboutit point ; mais en France une loi, en date du 14 mars 1872, interdit sous des pénalités rigoureuses toute affiliation à l’Internationale et même toute publicité donnée à ses documents. Chose piquante c’est à la Gazette de France qu’a été faite une des premières applications de cette loi de circonstance.

Cependant soit que l’Internationale j’jgeàt prudent de laisser passer l’orage, soit qu’elle fût affaiblie par les dissensions intestines qui devaient éclater nn peu plus tard, elle cessa de faire parler d’elle pendant plus d’un an. Elle ne réunit point de congrès en 1871 ; il n’y eut, à Londres, qu’une simple conférence dont les délibérations ne furent pas rendues publiques. L’année suivante, le conseil général de Londres, dont le célèbre socialiste Karl Marx avait été nommé président, reprit courage et convoqua un congrès à la Haye. Mais, dans l’intervalle, les tendances centralisatrices du conseil général avaient soulevé une opposition des plus ardentes ; on accusait Karl Marx d’aspirer à la dictature. A la veille du congrès de la Haye, le 4 août 1872, au congrès de Rimini, la fédération italienne rompait solennellement avec le conseil général. D’un autre coté, la fédération jurassienne expédiait à la Haye un délégué, Guillaume, chargé spécialement de demander « l’abolition du conseil général et la suppression de toute autorité dans l’Internationale. Cette question brûlante fut mise à l’ordre du jour dès l’ouverture du congrès, et elle ne manqua pas de soulever les débats les plus orageux.

Grâce au concours d’un certain nombre d’anciens membres de la Commune, Ranvier, Dereure, Vaillant, etc., la majorité se prononça en faveur du maintien du conseil général La minorité fédéraliste se retira alors du congrès. Mais la majorité ne tarda point à se scinder à son tour ; elle comprenait deux éléments bien distincts : ceux qui voulaient s’en tenir à lalutte économique, en tête desquels figurait Karl Marx, et ceux qui demandaient que l’internationale se chargeât avant tout d’organiser le prolétariat comme un parti politique. Les anciens membres de la Commune formant le parti dit des « Blanquistes soutenaient particulièrement cette opinion mais Karl Marx et ses amis ayant refusé de s’y rallier, les politiques à leur tour quittèrent le congrès, en laissant ainsi le champ libre aux partisans de la lutte économique. Ceux-ci résolurent de transporter de Londres à New-York le siége du conseil général, et cette résolution prise, le congrès se sépara. Quelques jours plus tard,le 15 septembre, des dissidents, au nombre de 25, se réunissaient dans la salle de la Science, Old Street à Londres, pour protester contre les décisions du congrès de la Haye, en accusant ce congrès d’avoir « compromis et trahi la cause de l’Internationale. Cet anti-congrès, dirigé par deux communeux, Vésinier et Landeck, prononça la dissolution de l’Internationale et décida qu’elle serait remplacée par une assoclation fédéraliste universelle. » L’histoire