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Page:Block - Dictionnaire général de la politique, tome 2.djvu/72

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on les pendit tous. Les cipayes faits prisonniers furent massacrés par centaines, ou périrent attachés à la gueule des canons, et bientôt le lion britannique put faire entendre un rugissement de triomphe ; mais cette vengeance fut ponr la Compagnie des Indes une victoire de Pyrrhus.

Les faits révélés par l’insurrection même prouvent que la Compagnie avait profondément mécontenté les indigènes. Les luttes et les tiraillements auxquels le double gouvernement

avait donné lieu, n’avaient pas moins mécontenté 1 opinion de la mère-patrie. La suppression du pouvoir politique de la vieille dame de j~cHf~’e~ eut lieu sommairement par acte du Parlement.

Cependant le pouvoir exécutif fut conservé à lord Canning, et le dernier gouverneur, pour le compte de la Compagnie, eut l’honneur d’être le premier vice-roi représentant Sa Majesté la reine d’Angleterre, impératrice de t’Hmdoustan.

Les conséquences politiques de cette mesure furent nombreuses la première fut la fusion des régiments européens dans les cadres de l’armée britannique ; ce qui n’eut pas lieu sans exciter de vives réclamations de la part des ofBciers anglais, car les officier de la Compagnie, plus particulièrement recrutés dans les rangs de la bourgeoisie, furent considérés comme de simples parvenus par leurs nouveaux confrères. La seconde fut la création d’un conseil législatif siégeant à Calcutta et "empesé de membres nommés par le gouvernemMt. Ce conseil, dont les délibérations furent publiques, devait être, daus la pensée de ses créateurs, une pierre d’aitente destinée à recevoir plus tard le couronnement de l’élection. C’est véritablement le germe du Parlement indien.

Par un libéralisme qu’on ne saurait trop approuver, des indigènes des diverses religions furent appelés à siéger dans son sein. Le gouvernement choisit parmi les personnages restés fidèles a la domination britannique, pendant les jours d’épreuve, ceux qui s’étaient distingués par leur intelligence et par leur instruction. C’est la première fois peut-être dans l’histoire du monde que l’on voit siéger, cote à cote, dans la même assemblée, des chrétiens, des parsis, des musulmans et des brahmines pour légiférer en commun.

Des conseils analogues, subordonnés an conseil supérieur de l’Inde, furent institués auprès des présidences de Madras et de Bombay. Pour remplacer la Compagnie des Indes, on créa, à Londres, un ministère responsable, ayant des attributions analogues à celles que reçut pendant un moment en France ie ministère de FAlgérie et des colonies.

Dans les remaniements administratifs qui eurent lieu depuis la grande Tébellion, nous devons citer le démembrement de la présidence du Bengale, et la création d’un gouvernement des provinces nord-ouest. Cette mesure donna une importance considérable à la Tille de Simla, tttuée dans l’Bimataya, et que lord Canning destinait peut-être à servir de capitale à tout l’Hindoustan.

Le caractère de la période actuelle est un grand développement matériel imprimé à l’Inde par les travaux de chemins de fer, de télégraphie électrique et de colonisation, qui s’exécutent de toutes parts.

Des discussions très-rives ont eu lieu en Angleterre et à Calcutta sur le mode à employer pour la perception des impôts, sur la suppression des droits de douane, sur les moyens d’établir l’équilibre entre les recettes et tes dépenses. Nous ne pouvons entrer ici dans le détail de tous ces débats sans cesse renaissants qui contribuent au développement de l’esprit publie, et qui inaugurent la naissance d’une politique anglo-hindoue. Nous devons cependant une mention particulière aux démêlés souvent violents qui eurent lieu entre les planteurs d’indigo et les paysans voisins de leurs établissements. Le gouvernement indien s’est vu souvent dans la nécessité d’intervenir en faveur des indigènes contre une exploitation souvent très-dure et quelquefois peu honorable.

Ajoutons, pour achever de caractériser la période dans laquelle l’empire d’Aureng-Zeb est entré sous la tutelle des Anglais, que le mode de recrutement des fonctionnaires civils a lieu par des concours. Au lieu d’être nommés directement par le ministère, comme les employés des administrations anglaises, ceux des administrations indiennes ne doivent leur élévation qu’à leur seul mérite. Nous n’avons pas besoin de dire que ce mode de procéder a déja produit d’excellents résultats. En réalité, on a complétement détruit le système des marchands qui ont créé l’empire anglo-indou. 11 ne reste pas pierre snr pierre de l’édiNce d’exploitation qu’ils avaient érigé. Les insurgés que l’on a si durement mitraillés ont eu raison, et une ère de justice et d’équité s’ouvre grâce à la sublime protestation des martyrs dont les membres ont été réduits en poussière à coups de canon. Le brutal fanatisme des fakirs n’a pas triomphé, mais l’Angleterre victorieuse, grâce à l’énergie impitoyable des moyens de répression qu’elle a employés, s’est vue forcée de réparer elle-même ses erreurs. Elle a donné une nouvelle preuve de son génie pratique, en modifiant d’une manière aussi radicale une politique qu’elle fût peut-être parvenue à maintenir, mais qui à coup sûr eût été pour elle un danger permanent.

FtMOMCM. Dans l’année financière 1867-68 le revenu a été de 48,53t,4)2 liv. st. contre une dépense de 49,542,107 liv. st. avec un déOcit de plus de 1,007,000, sans compter 700,000 Uv. consacrées à des travaux productifs. La première source de revenus a été l’impôt foncier pour 19 millions deliv. sterling, et ensnite l’opium,9millions ; le sel, 3,700,000 liv. st. ; les douanes, 2,570,000 Jiv. ; les droits sur les spi’ ritueux, 2,238,000 liv. st. ; le timbre, 2,300,000. Quant aux articles de dépenses, le plus cMStdérable est celui de l’armée, qui absorbe t<i millions de liv. st., dont 12,600,000 ont été