Page:Block - Dictionnaire général de la politique, tome 2.djvu/91

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

de voter l’impôt, de régler les dépenses publiques. Une des conditions les plus essentielles de ce système poétique, c’est aussi la responsabilité dans le pouvoir, et ici on a à choisir entre la responsabilité directe du chef de l’Etat et la responsabilité de ses agents, de ses conseillers, des ministres. La première serait un risque permanent de révolution, si on était tenté de l’appliquer, outre qu’elle reconstitue, sons une autre forme, l’absolutisme personnel du souverain la seconde est évidemment la plus rationnelle, la moins périlleuse et la plus euective. H y a la vérité du gouvernement représentatif là où les citoyens sont garantis contre tout arbitraire et équitablement protégés dans leurs intérêts, dans leur conscience, dans leur travail ; là où la loi, librement discutée et votée par les assemblées, est respectée par le pouvoir exécutif qui n’a d’autre mission que ’d’en maintenir l’autorité, et interprétée dans ses applications pratiques par des tribunaux indépendants. JE ! un des complémejits nécesjsaires de ce régime, qui n’est que l’organisation légale de tous les droits, c’est manifestement la liberté de la presse, sans laquelle toutes les autres libertés périclitent. Sans doute on peut avoir nne apparence de tout cela et n’avoir pas encore la vérité du gouvernement représentatif. Cela s’est vu dans le monde. L’électorat peut être tout à la fois très-étendu et très-subordonné. La presse peut paraître libre et être en définitive soumise à l’omnipotence administrative. Les assemblées peuvent délibérer publiquement et n’avoir qu’une influence douteuse ou inefficace par la façon dont elle ~’exerce elles peuvent avoir le droit de voter l’impôt et n’avoir pas cependant la faculté d’exercer un contrôle complet ou n’avoir cette faculté que dans des conditions qui la rendent duEciIe, sinon impossible à exercer. Cela veut dire que les organismes extérieurs ne suffisent pas, que la loi elle-même est insuffisante, et que la première de toutes les garanties est dans les mœurs. Il y a des peuples libres avec des lois défectueuses ou même arbitraires et des mceurs viriles, indépendantes il peut y avoir, au contraire, des peuples sans liberté avec des lois relativement bonnes et des mcecrs faibles, amollies par l’habitude de la servilité. En un mot, on n’aura rien fait, réunit-on toutes les conditions extérieures du gouvernement représentatif, si avant tout on ne lui donne la forte assise d’une vie morale, énergique, active et sévère, qui est tout à la fois le frein des despotismes et de l’anarchie. C’est par là que se forment et qne durent les institutions libres. CH. DE MAZAM-.

CottPtiM.z Liberté, Régime eoMtttntionBe !, RepréBeNtatioa Batiotmte, 6épM’)*tio !i despenvoia. ÏNSTRPCTION rRINAmE. Faut-il, en commençant cet article, parler de l’utilité et des bienfaits de l’instruction primaire ? An siècle où nous sommes, aurait-elle encore des adversaires à vaincre ou des incrédules à convertir

? Son empire s’étend sans résistances 

apparentes sur le monde civilisé florissante en Allemagne, en Suisse, dans les pays Scandinaves, aux États-Unis d’Amérique et en général partout où la Réforme du seizième siècle, affranchissant l’esprit humain, a forcé le penple à lire en lui donnant la Bible, encouragée en France et en Angleterre par des efforts louables, mais encore insuffisants, elle n’eat délaissée ou combattue que chez les nations arriérées ou opprimées. Les planteurs du sad des États-Unis, afin de mieux asservir leur Mtail humain, avaient promulgué pour leu~s esclaves la loi impie de l’ignorance o&~a<oty~. Les conditions dans lesquelles l’enseignement primaire doit être donné sont l’objet de vives controverses, mais les opinions les plus divergentes s’accordent pour reeonnaitre que J’éducation est aussi nécessaire à l’âme que la nourriture au corps toutefois, pour exciter~es indifférents et récnauner les tièdes, il n’est pas inutile de rappeler que, le but proposé à l’homme ici-bas étant la réalisation d’un certain idéal par le triomphe de la volonté libre sur l’instinct, tout ce qui tend à développer la conscience en éclairant l’esprit, à faire naître ou à fortifier le sentiment de la responsabilité, à reculer les limites dans lesquelles se meut la la liberté morale, a droit à nos ardentes sympathies. Or, quoi de plus enicace à cet égard que l’école primaire ? Qui peut, comme elle, ouvrir les sillons où germera plus tard la bonne semence ? Nous n’insisterons pas sur la nécessité de répandre l’instruction pour développer la production de la richesse générale, car cette vérité économique se démontre par l’évidence. Bornons-nous à établir que, sous ce double rapport, il reste à la France .beaucoup à faire.

Pour prouver d’une manière irréfutable combien il est urgent de saisir par l’éeoie primaire ces nouvelles générations dont les masses profondes contiennent nos futures destinées, il faut tracer rapidement le tableau de la situation actuelle.

Au milieu des vicissitudes qu’elle a traversées depuis le commencement du siècle, l’instruction du peuple a fait chez nous des progrès qu’il serait injuste de méconnaitre. Le temps avait manqué au premier Empire pour fonder l’enseignement populaire, « seul et t~ritable moyen, disait Carnot dans son célèbre rapport de 1815, ~e~M’ ~MCMMtfemcM~ ~t dignité <Aoau«e tous les t~tftdM~ fe~cc humaine. Dédaignée, ou peu s’en faut, par l’esprit aristocratique et clérical de la Restauration, l’instruction primaire ne date réellement en France que de la loi mémorabte du 28 juin 1833, dont les lacunes et l’application imparfaite ne doivent pas faire oublier les heureux fruits et qui honorera dans l’histoire le souvenir du gouvernement de la bourgeoisie ralentie un moment dans sa marche-ascendante par les tendances de l’époque transitoire où la loi du suffrage restreint (31 mai 1850) suivait à deux mois d’intervalle la loi sur l’enseignement amubli, l’instruction primaire n’a pas tardé à surmonter les obstacles accumulés autour d’elle ; et dans le cours de la période dé-