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seconde et dernière corne du monstre, la plus petite, hélas ! a enfin réussi à se décrasser et c’est Chérie, le roman de ses rêves, qui lui aura servi de savonnette à vilain.

« Ce roman, dit-il, est une monographie de jeune fille, observée dans le milieu des élégances de la Richesse, du Pouvoir, de la suprême bonne compagnie, une étude de jeune fille du monde officiel sous le second Empire. »

Déjà, dans la préface de La Faustin, il en avait annoncé le projet, faisant cette chose peu ordinaire de quêter publiquement ce qu’il appelait des documents humains. Il s’adressait à « ses lectrices de tous les pays, réclamant d’elles, en ces heures vides de désœuvrement où le passé remonte en elles, dans de la tristesse ou du bonheur, de mettre sur du papier un peu de leur pensée en train de se ressouvenir, et, cela fait, de le jeter anonymement à l’adresse de son éditeur. »

Ce qu’il demandait à ces dames, en somme, c’était de lui dévoiler tout bonnement « ce que les maris et même les amants passent leur vie à ignorer ». Rien que cela. C’est ainsi que M. Edmond entend la confection du roman moderne, et ce n’est pas autrement, sans doute, que les produits de la maison Goncourt frères et Compagnie ont toujours été manufacturés.

En suivant la doctrine de cette école, on peut se mettre à vingt, cent ou même à dix mille pour un même roman. C’est la collaboration infinie. Le romancier n’a plus à faire que les éti-