Page:Bloy - Belluaires et porchers, 1905.djvu/125

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teindre et qu’eussent envié, dans leurs marécages, les hippopotames les moins gastralgiques.

« Si, jamais, un auteur comique voulait amuser le public de mes ridicules, écrivait un jour M. Renan, je ne lui demanderais qu’une chose, ce serait de me prendre pour son collaborateur. »

Il est évident qu’un tel homme a pris son parti de tous les persiflages et de tous les engueulements possibles. Aussi longtemps que la bonne huile de baleine ne manquera pas à son organisme copieux, tant qu’il aura de solides prébendes universitaires et l’admiration profitable des amateurs d’une littérature de Cocagne où surabonde la truffe sentimentale dont se capitonnent les volailles d’un éclectisme indulgent ; — on peut être certain de l’inaltérable sérénité du personnage.

Que voulez-vous que lui fassent les catastrophes publiques ou les deuils privés, quand il a le réconfort habituel de la « vieille philosophie lannionaise, philosophie passablement rieuse, pétrie d’ironie et de belle humeur ? » Tels sont les propres termes de sa récente protestation publiée par tous les journaux.

Cette philosophie n’était pas connue et les habitants même de Lannion, je le conjecture, s’en doutaient fort peu. Ces bonnes gens des Côtes-du-Nord en qui notre ignorance ou notre candeur croyait voir de simples chrétiens bornés au catéchisme de leurs ancêtres, doivent arborer un certain orgueil de cette licence en philoso-