Page:Bloy - Belluaires et porchers, 1905.djvu/126

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phie que leur décerne l’auteur de la Vie de Jésus.

Autant qu’on peut voir, cela consiste à s’embêter le moins possible dans ce joyeux univers, en ne prenant jamais au sérieux les espérances ni les douleurs du prochain.

Ce système lannionais ne diffère pas sensiblement de l’archi-séculaire postulat des petits cochons d’Épicure et je doute qu’il se manifeste un cerveau breton pour le formuler avec plus d’ingénuité que le doux cafard des Souvenirs d’enfance et de jeunesse où se trouvent consignées, entre autres choses, la pacifique joie de voir mourir une sœur « très-chère » et la certitude bienfaisante de « n’avoir jamais obligé personne ».

Eh ! bien, la philosophie lannionaise est légèrement déconcertée. M. Ernest Renan s’est mis en colère. Oh ! une colère sans apoplexie et qui ne rappelle que de fort loin les déchaînements homériques, mais une bonne petite fureur verdâtre de pédagogue lanciné par l’évocation d’une circonstance d’autrefois où son équilibre sapiential fut pris en défaut.

M. de Goncourt lui reproche, dans son Journal, d’avoir un certain jour, paru totalement dénué de patriotisme, alors que la plus élémentaire décence exigeait, au moins, que ce sentiment eût l’air d’exercer de profonds ravages dans les plus philosophiques intestins.