Page:Bloy - Belluaires et porchers, 1905.djvu/149

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

Sa doctrine fut d’être impassible et de contempler exclusivement l’humanité dans des vocables. Il y parvint, Dieu le sait, autant qu’il est permis à des créatures façonnées pour penser et pour compatir.

L’auteur de Salammbô fut, hélas ! le mercenaire de son propre cerveau qui était une Carthage aussi implacable que la vaincue des deux Scipions. Il en fut écrasé, à la fin, comme il convenait, et l’inexpiable déconfiture de ses facultés d’écrivain fut le châtiment inventé par son âme au désespoir contre le barbare désobéissant qui lui résistait.

Étant exclusivement et par dessus tout, ce que j’ai tant de fois exprimé, c’est-à-dire un providentiel et un millénaire, mon premier devoir intellectuel est de supposer assortie à d’autres prodromes de la Débâcle sublime, cette apparente extermination de la Pensée, par les idolâtres actuels de la Désinence ou du Radical.

Autrement, ce serait trop bête.

Il est certain qu’en aucun siècle, il ne s’était vu précisément inaugurer tant d’abreuvoirs pour le rafraîchissement des chameaux intempérants qui traversent à si grands frais le désert des littératures.

Je défie qu’on me cite une époque de l’histoire intellectuelle où la nécessité d’être idiot ait été