Page:Bloy - Belluaires et porchers, 1905.djvu/185

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le mal est bien certainement la grande passion qui domine tout en lui, et, comme le temps où il vit doit lui paraître épouvantablement mauvais, cette passion s’exaspère et se transporte jusqu’aux notes les plus aiguës, les plus stridentes, du paroxysme de l’indignation. Noblement éperdu d’Unité, il s’enlace et s’enroule désespérément à ce tronc mutilé de l’arbre de vie. Si la stupide cognée philosophique veut le frapper encore, c’est sur lui-même que tombent les coups et ce sont ses membres, à lui, qu’il faut abattre pour commencer.

Peu d’écrivains illustres furent, autant que cet obscur, coupés par morceaux. L’ignoble critique des envieux et des sots, dans son propre entourage, a très-exactement accompli l’office des bourreaux sur la pensée et sur les écrits de cette espèce de saint Jacques l’Intercis de la littérature catholique. Il pouvait crier, comme le sublime martyr persan : « Seigneur, Maître des vivants et des morts, exaucez-moi, je n’ai plus de mains à étendre vers vous, je n’ai plus de genoux à fléchir devant vous, je suis un édifice ruiné que ne soutiennent plus les colonnes sur lesquelles il s’appuyait. Écoutez-moi, Seigneur, et retirez mon âme de sa prison ! »