Page:Bloy - Belluaires et porchers, 1905.djvu/184

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

pouvez jusqu’à un certain point dire que vous l’aimez et même le faire croire ; mais soyez sûr qu’en ce cas, vous manquerez d’horreur pour ce qui est faux, et, à ce signe, on reconnaîtra que vous n’aimez pas la vérité. »

Cette haine de l’erreur qui ne vise que les doctrines sans toucher aux personnes est si brûlante qu’elle pénètre profondément son style et le colore de teintes violentes et orageuses, qu’il n’aurait, sans doute, jamais obtenues sans cela.

Sans ce que Joseph de Maistre appelle la colère de l’amour, il n’aurait peut-être été qu’un dialecticien quelconque, un apologiste religieux après tant d’autres, armé tout au plus d’une ironie très-douce et très-bénigne, et l’inattention universelle l’aurait très-silencieusement enseveli dans le recoin le plus obscur de ses catacombes. Mais ce sentiment seul lui donne une personnalité inouïe, un accent littéraire tellement à part qu’il est impossible, avec la meilleure volonté d’être injuste, de ne pas en être frappé.

« Il y a cette différence, écrivait-il, entre l’amour et le zèle, que l’amour se contente d’aimer et de posséder son objet. Le zèle fait mourir tout ce qui lui est contraire. »

Chez Hello, le zèle fait mourir en dévorant. Il ne dévore pas seulement ce qui lui fait obstacle, il engloutit tout ce qui ne brûle pas autant que lui et du même feu. Cet homme si tendre est un exterminateur au nom de l’Unité de foi.

On peut assurer que cette charité qui déteste