Page:Bloy - Belluaires et porchers, 1905.djvu/200

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pillé de génie en arrivait à écrire d’épouvantables niaiseries, — « pontifiant et vaticinant, ainsi que le déclare cruellement l’auteur d’À Rebours, du haut d’un rocher fabriqué dans les bondieuseries de la rue Saint-Sulpice. »

Son style eunuque et flétri par le commerce exclusif de frigides pédants et de soutaniers tondeurs, aurait pu, je le crois, devenir tout à fait artiste, s’il avait su trouver assez d’énergie dans sa raison pour s’enquérir d’un autre milieu. Il n’osa jamais et sa punition fut d’être l’auteur des Contes extraordinaires, où la plus emphatique anémie déshonore d’obscures adaptations de sa philosophie religieuse aux dramatiques réalités de la vie. Voilà pour l’amoureux d’art, hélas !

Quant à l’altéré de Justice, au millénaire, il n’avait pas à subir un si grand déchet, mais l’indigence de sa forme rendit blafarde, quelquefois, jusqu’à l’expression de sa charité, tant l’écriture humaine est un mystère !

Pourtant, c’était sa grande beauté, cette vertu-là. Elle fut chez lui continuellement brûlante et suggestive d’immolation. Il pensa toujours que la suprême Justice est décernée par la Charité suprême. Son regard de bas en haut vers le Pauvre était incontestablement sublime.

« La gloire de la Charité, disait-il, c’est de deviner… Celui qui aime la grandeur et qui aime l’abandonné, quand il passera à côté de l’abandonné, reconnaîtra la grandeur, si la grandeur est là. »