Page:Bloy - Belluaires et porchers, 1905.djvu/209

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Agonisant couronné d’épines les joies du Vice et les délicieux esclavages de l’infamie ! renoncer pour cet Agneau d’entre les lys aux exhalaisons de l’excrément ! — telle est l’oblation de ce pèlerin qui s’est donné à lui-même l’invraisemblable mission de représenter la poésie contemporaine au pied de la Croix !

Ex-voto sans précédent d’une société rongée de névroses et fiancée aux épilepsies ! Largesse inouïe du plus pauvre monde qui fut jamais ! Les générations équilibrées de corps et d’âme dont on nous rabâche la grandeur n’en ont pas tant fait et n’étaient pas forcées, pour aller vers Dieu, d’enjamber de pareils abîmes !

Ce rafalé, ce calamiteux, qui n’est rien du tout qu’un Verlaine « sceptique et léger, » — comme il le dit lui-même dans la préface de Sagesse, — si sa poésie ne subroge pas pour nous devant Dieu la tutelle de nos démons ; ce « cœur renaissant, pur et fier, » a beau prier, dans ses vers, Jésus et Marie, voici, je crois, ce qu’il faut entendre :

— Seigneur conspué qui résidez, invisible, dans vos tabernacles au milieu des candélabres et des calotins, je vous prie très-humblement de faire attention à mon ambassade. Je suis un artiste, un poète, et, par conséquent, un ennemi des normes édictées par vos pasteurs. Je suis devant eux complétement nu, purulent et nauséabond. Je n’ai pas même l’honneur d’être accrédité des goîtreux et des malandrins plus ou