Page:Bloy - Belluaires et porchers, 1905.djvu/222

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il faut se résigner à manger la tartine biblique d’Ézéchiel en compagnie des vingt-cinq ou trente prophètes bafoués qui sont, par génération, les lamentables élus de ce festin. L’injustice des catholiques est un peu plus révoltante que celle des non catholiques, à cause de la suréminence présumée de leurs concepts, voilà tout.

On s’en consolerait assez vite si de mécréants suffrages venaient équitablement réparer, pour les rarissimes témoins du Beau éternel, le préjudice effroyable que la stupidité chrétienne leur fait endurer. Mais c’est là une rêverie jobarde et cruelle engendrée de ce serpent infernal qu’on est convenu d’appeler l’espérance humaine. L’indifférence du parfait mépris, l’inhostilité dédaigneuse, tel est tout l’élargissement que la munificence des infidèles peut offrir à ces galériens de l’Idéal si malproprement outragés par les catholiques à travers les barreaux de leurs cabanons.

Aussitôt que l’étiage vulgaire est dépassé, la langue esthétique devient un sanscrit indéchiffrable pour les multitudes sans nombre qui n’ont point de part à ce royaume intellectuel uniquement dévolu à la Sainte Enfance de l’Enthousiasme, et il n’est point de pédagogie pour ce genre d’initiation.

Je connais un écrivain de grand talent, un généreux et libre esprit, que le nom seul de Verlaine met en fureur et qui ne consentira jamais à réviser l’impression de sa trop rapide lecture.