Page:Bloy - Belluaires et porchers, 1905.djvu/235

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dame Hello ! Qu’en eût-elle fait, la pudibonde ? Il lui fallait un enfant infirme, toujours plus infirme, tremblant devant elle, vivant par elle, pensant d’après elle, ne croyant qu’en elle[1].

Et pourquoi cela ? juste Dieu ! Pour qu’éclatassent les magnificences de sa judiciaire de pot-au-feu, et pour qu’il fût dit un jour par un avorton littéraire, à la face d’un monde ricaneur, qu’elle avait été la Béatrix ou la Mentoresse du grand homme qu’elle émascula. Amariorem morte mulierem, dit l’Ecclésiaste.

  1. La dépression graduelle et systématique d’Hello fut calculée si sûrement que jusqu’à son dernier jour, 14 juillet 1885, il conserva ou parut conserver son illusion, bénissant, avant de mourir, une providence carnassière qui le dévorait. Là est le chef-d’œuvre.

    — « Maman Zoé, murmura-t-il, vous m’avez fait vivre trente ans. Vous avez été une mère pour moi, une femme bonne, un ANGE, dans le vrai sens du mot. »

    On sait que le vrai sens du mot ange est messager, porteur de nouvelles. Que voulut dire ce moribond qui trempait à moitié dans l’ombre et à moitié dans la lumière ?…

    Trente ans ! Il eût mieux valu, madame, ne le laisser vivre que dix ans, et que ces dix ans eussent été d’un HOMME.