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III

Après cela, M. Louis Denise ne permettra-t-il de lui révéler un profond secret connu de tout le monde ? Voici : — Il n’y a de parfaitement beau que ce qui est invisible et surtout inachetable.

Je suis forcé d’avouer que les pierres précieuses m’ont amèrement déçu depuis tant d’années que je les vois, étalées dans les boutiques et sur le ventre des négociants ou de leurs femelles. L’Émeraude, par exemple, a beau signifier l’Espérance, je confesse qu’elle me désespère quand je songe qu’elle peut être acquise avec le rendement d’une entreprise de vidangeur et le Saphir, à son tour, me désole profondément lorsqu’il m’apparaît, en compagnie de l’Escarboucle vaincue, sur la gorge d’une avachie qui les paya de sa complaisance pour un affameur de vieillards.

Sans l’originale manière dont M. Denise les a montées et serties, je n’aurais pas même regardé ses pendeloques. Veut-il savoir quelles sont les pierres que j’aime et dont je ne puis rêver sans que mon cœur batte contre mes flancs comme le marteau d’une énorme cloche qui sonnerait le tocsin du dernier Jour, — contre mes pauvres flancs devenus sonores au temps des famines ?