Page:Bloy - Belluaires et porchers, 1905.djvu/289

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« se repaître » en leur voisinage et les collines de Bether ou de Galaad refusaient, avec une sourcilleuse énergie, l’hospitalité de leurs cimes à un oignon virginal si profondément déconsidéré.

À l’exception de la Liturgie qui ne connaît pas de vicissitudes, le bannissement de ce vocable flétri était décrété partout et le besoin d’en faire usage était devenu l’abomination de la vie, l’effrayante ressource des guenilleux de la poésie pour dissimuler leurs nudités lamentables, — tellement la bave du dragon de la candeur l’avait maculé !

On avait inventé la pivoine et le chrysanthème et jusqu’aux puantes orchidées du Tropique dont la cancéreuse magnificence ravissait l’âme compliquée des horticulteurs.

Bref, la traditionnelle royauté des lys semblait finie à jamais, de toutes manières, défunte sans aucun espoir de résurrection, et c’est tout au plus si deux ou trois solitaires s’en souvenaient encore avec émotion, dans des Scéthés prodigieusement lointains où le monopole des grands bazars de littérature venait expirer.

Eh ! bien, voici la surprise. Les lys reviennent, offensivement ramenés par une demi-douzaine de poètes dont deux au moins, je l’avoue, m’ont accablé de stupéfaction.