Page:Bloy - Belluaires et porchers, 1905.djvu/290

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

Il était assez difficile, on en conviendra, de se représenter Jean Richepin et Raoul Ponchon, par exemple, coalisés avec Maurice Bouchor, pour le renouvellement de la forme la plus angélique et la plus divine que le christianisme ait enfantée.

Le seul énoncé de ce prodige ressemble à une mystification. Mais la chose même est beaucoup plus incroyable que tout ce qu’on en pourrait conter.

J’eus, l’autre jour, la curiosité de voir et d’ouïr, au petit théâtre des Marionnettes de la galerie Vivienne, le Noël de Maurice Bouchor, ou, si on veut, le Mystère de la Nativité, mis en vers, en quatre tableaux, dont les rôles sont lus, derrière la coulisse, par MM. Jean Richepin, Raoul Ponchon, Félix Rabbe et Amédée Pigeon.

J’allais là, je le déclare, supérieurement armé, treillissé, caparaçonné et même grillagé de scepticisme. Ma défiance est à peu près infinie de ces démarquages d’un passé brûlant de foi, au profit des ambitions marécageuses d’une esthétique de mécréants.

Je m’attendais à entendre et à contempler une de ces machines tout à fait bien que les dames peuvent applaudir sans éventail ni décrottoir et que la critique la moins débottée sait encourager du bout des doigts, sans convulsive trépidation de la caroncule.

Enfin, malgré le préalable certificat de l’ami très-sage qui m’avait embarqué dans cette ga-