Page:Bloy - Belluaires et porchers, 1905.djvu/298

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gueilleuse tribu, mais comment ne pas songer avec compassion à la multitude vile des amateurs de la force ou de la clarté qu’a surpris au dépourvu cette longue averse de colle ?

Si les clients du psychologue peuvent résister à cette effrayante épreuve, tout est dit. Rien ne les dégoûtera, rien n’épuisera leur constance. Ils sont inassommables à perpétuité. Ce fendeur de poils et cet englueur d’atomes pourra leur servir impunément toutes les filasses, toutes les filandres, tous les magmas et toutes les glaires.

Alors, il lui suffira, comme auparavant, d’en appeler « aux âmes fines » et aux « personnes distinguées », c’est-à-dire, au fond, à tous les gens riches, dont « l’opinion, même erronée, n’est pas négligeable », et pour lesquels, exclusivement, il s’est fait, depuis tant d’années, l’habitude pieuse « d’étudier la genèse, l’éclosion et la décadence de certains sentiments inexprimés ». Ah ! ces intelligences délicieusement impondérables et nuancées le comprendront.

Pour la centième fois, les épouses parfumées du haut négoce « le regarderont comme si elles étaient surprises par ses discours. Elles auront dans les yeux cet étonnement ravi et involontaire de la femme quand elle rencontre soudain chez un homme l’expression inattendue d’une nuance sentimentale qu’elle croyait réservée à son sexe. »

Parbleu ! j’imagine bien que les fortes femmes capables d’engendrer les vaillants hommes ne