Page:Bloy - Belluaires et porchers, 1905.djvu/299

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sont pas précisément l’auditoire qui lui conviendrait. Assurément, ces généreuses créatures ne comprendraient rien à un épuceur de coccinelles qui méprise les pauvres gens et qui écrivit un jour que la détresse des mourants de faim n’égale pas, en intensité, les douleurs morales endurées par les millionnaires ! (Mensonges, page 197.)

L’homme capable de cette opinion de domestique, ne pouvait guère se tromper sur sa vocation. Le « roman d’analyse » était manifestement sa voie. Cette horlogerie imbécile des sensations ou des sentiments mondains n’était-elle pas un admirable débouché pour l’emploi des facultés neutres qu’il préconise en sa joie d’en être comblé ?

Il paraît que le nouveau roman offrira la solution d’un problème des plus difficiles. Si l’auteur n’avait pas craint de paraître trop ambitieux, son livre, dit-il, se fût appelé le Droit de l’Enfant. Mais sa modestie non-pareille a rigoureusement exigé que ce titre fût abandonné pour un autre qui ne vaut pas mieux, d’ailleurs ; car ce romancier sans muscles ni cartilages n’a pas précisément le génie des titres.

N’importe, il s’agissait de savoir « jusqu’à quel point le fait d’avoir donné volontairement la vie à un autre être nous engage envers cet être et dans quelle mesure notre personnalité se