Page:Bloy - Belluaires et porchers, 1905.djvu/300

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trouve alors obligée d’abdiquer l’indépendance de son développement ».

Belle question, n’est-ce pas ? et bien digne d’occuper un profond penseur qui tient, semble-t-il, à « s’estimer tout à fait » et qui, par conséquent, n’a pas aboli, au fond de lui-même, « le noble sens du scrupule ».

C’est ainsi et non pas d’une autre manière, que le jeune pontife rédige ses mandements. Il appelle ça LE SENS DU SCRUPULE. On est prié de relire et de méditer ce mot véritablement prodigieux.

Il s’agit, dans l’espèce, — qu’on y fasse bien attention, — de la paternité dans l’adultère, c’est-à-dire de ce qui peut être observé ou deviné dans l’âme d’un homme qui se sait le père d’un enfant inscrit sous le nom d’un autre.

Évidemment, si cet homme n’est pas une abominable fripouille, il deviendra la proie de tourments si noirs qu’ils seraient iniques et injustifiables, sans la prénotion d’une loi divine.

Les plus grands noms peuvent être prononcés, on ne trouvera pas un narrateur de l’enfer que cette effroyable vexation du cœur humain ne terrifie pas. Il faut être un psychologue pour ne pas trembler.

Le seul truc, d’ailleurs, pour échapper aux récriminations de l’Infini, aussi bien qu’à ce litigieux silence des étoiles dont Pascal fut épouvanté, c’est d’avoir aussi peu d’entrailles que possible, d’adorer la médiocrité et de se pousser