Page:Bloy - Belluaires et porchers, 1905.djvu/310

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plaindre, puisque ma fonction lamentable est d’être toujours truculent et de ne jamais rater mon diogénique personnage. Mais vous connûtes mon cœur et vous pénétrâtes le désir dont je grelottais de voir mon nom dans les chroniques.

Alors, avec quel doigté charmant, — ayant l’air de venger le Psychologue, mais en réalité toute remplie du dessein de me servir, — n’esquivâtes-vous pas les mots véritablement cruels, les ingénieuses phrases, les transperçantes allusions qui eussent pu me faire souffrir et enfoncer un mépris valable dans l’esprit de vos lecteurs ?

Avec une générosité qui m’accable, renonçant à vous montrer spirituelle, vous avez ramassé partout les loques d’injures dont les plus chiens de lettres se détournaient avec dégoût. Vous grattâtes, si j’ose dire, le fond des hottes, pour ne servir contre moi que les plus vieilles pannes d’outrages ou de calomnies.

Vraiment, c’est trop. Je veux bien qu’on m’aime, parbleu ! mais non pas au point de se faire passer pour tout à fait imbécile.

Écrire, comme vous le faites, que je suis incapable d’admirer qui que ce soit, à la place même où, la veille encore, j’avais tenté d’exprimer, en de flamboyantes rosaces, la grandeur surnaturelle du Christophore ou la miraculeuse poésie de Baudelaire ! avouez tout de même que c’est par