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Voilà donc ce qu’il appelle : concilier les pratiques de la vie intérieure avec les nécessités de la vie active.

Comme c’est beau la lumière ! me suis-je écrié. Et comme tout se débrouille en un instant !

Alors, comme si je pouvais douter encore, de toutes parts sautent sur moi des phrases telles que celles-ci :

« Je m’impose de respirer avec sensualité ; — En vérité, je n’ai pas à me mépriser, personne n’a porté la main sur moi ; — Si je suis troublé, c’est moi seul qui me trouble ; — Ce serait d’un homme grossier de réfléchir sur les inconvénients des diverses attitudes que notre condition d’hommes nous contraint à prendre ; — C’est en m’embrassant que j’embrasserai les choses et que je les relèverai selon mon rêve ; — À chaque fois que nous renouvelons notre Moi, c’est une part de nous que nous sacrifions et nous pouvons nous écrier : Qualis artifex pereo ! »

Je pense qu’en voilà tout à fait assez. Je tiens à espérer que je me suis expliqué d’une façon chaste et que, néanmoins, je suis parvenu à me faire comprendre. Tous ceux qu’intéresse la philosophie, et particulièrement la race précieuse des psychologues, me sauront gré, je n’en puis douter, de ce rayon pur dont je viens d’éclairer un sombre problème, et je suis, moi-même, en ce moment tellement abruti par l’admiration que je demande la permission de ne pas ajouter un mot.


4 novembre 1892.