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moi. » Telle était son humble prière. Barbey d’Aurevilly ne le rossa pas et continua sa route lumineuse sans même prendre garde à ces inoffensifs susurrements de reptile.

IV

Hâtons-nous d’expédier le vieux drôle.

Le 22 septembre dernier, cinq mois après la mort de Barbey d’Aurevilly, Pontmartin publiait un immense article sur ce glorieux mort. Il avait attendu que tous les articles imaginables eussent paru dans les journaux et que le sujet fût tellement épuisé qu’aucune réponse violente ne pût être à craindre. Alors, ce fut une fête, une ivresse, un dégorgement de sa vieille bile calcinée. On eut le spectacle inouï de ce tremblant moribond, oublieux de sa mort prochaine et dansant tout nu devant une tombe, en jouant d’une flûte juvénile retrouvée dans quelque table de nuit du dernier siècle. L’écœurement dépassa toute conjecture.

Que voulez-vous ? il n’y a pas de police pour imposer le respect des grands artistes, vivants ou morts, et il n’y en a pas non plus pour empêcher les vieillards en démence de se polluer comme des papions agonisants au rez-de-chaus-