Page:Bloy - Belluaires et porchers, 1905.djvu/358

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surtout, l’exacerbante chaudronnerie de leur accent, les rendent à peu près abominables à tout le reste du genre humain.

Mais les sentiments de ce cadet de genre humain ne les troublent guère. Ils se persuadent qu’ils surabondent de vitalité et que leur esclaffante folie est assez riche pour faire l’aumône à la maussade sagesse des sceptiques hyperboréens.

Ils se disent qu’ils sont, après tout, les plus incontestables survivanciers du vieux monde latin par qui toutes les races sublunaires furent domptées, bâtées, éduquées, disciplinées et parquées, pour toute la durée des siècles, dans les intervalles des monts et des fleuves.

L’intempéré de leur nature leur paraît correspondre à la prodigieuse largitude de leurs destins, et cette espèce d’autonomie exclusive qu’on leur reproche est jugée par eux la suprême ressource de l’imprescriptible droit d’aînesse des races latines.

Eh bien ! passe encore. On est habitué depuis des siècles à l’invasion de ces bateleurs. La bonne humeur gauloise les supporte, et nous nous empilons volontiers pour faire place à leur encombrante superbe de dindons.

Que dis-je ? Notre stupidité les épouse quelquefois pour d’étonnantes ribotes de gloire. Témoin Mistral, imagier romantique et patoisant