Page:Bloy - Belluaires et porchers, 1905.djvu/364

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ont des enfants qu’ils trimballent avec eux dans toutes les cuisines de leur scandaleuse popularité.

Et les tendresses de la famille et les saintes indignations de l’époux adoré et les justes pleurs d’une Smala d’histrions !

Cela devient exaspérant à la fin, cette fureur d’occuper le monde de soi, et on serait heureux d’apprendre qu’une colère de la Méditerranée a soudainement englouti l’infernale patrie de ces enragés montreurs d’ours de la vanité provençale !

On pourrait fort bien leur dire, à ces enragés, qu’on ne refuse pas absolument de croire à la chasteté sans tache d’une femme qui parle tant de l’irréprochable pureté de ses mœurs ; mais que, pour le rassasiement quotidien de l’oreille, on aimerait mieux le récit des aventures d’une simple et rudimentaire catin, parce que ce serait plus drôle.

Je sais même des gens qui n’ont jamais tué personne et que l’impatience égare jusqu’à douter de la vertu si prodigieusement tambourinée d’une Clorinde qui ne se promène que le revolver au poing, qui assassine un homme sans défense avec la plus sereine tranquillité, et qui possède un mari et des enfants sans avoir jamais été mariée de sa vie.

Il est vrai que ces gens-là sont d’infects et