Page:Bloy - Belluaires et porchers, 1905.djvu/380

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ait pu être acquise sans dommage certain pour un grand nombre de pauvres diables. Que la duchesse ait eu la main brûlée par cet argent et qu’elle ait désiré de le rendre aux nécessiteux, tant mieux pour ceux-ci et tant mieux pour elle. Mais tel n’est pas précisément le sens du vocable charité, dont on abuse étrangement, et il est vraiment ignoble de pousser de pareils cris d’admiration pour un acte de rudimentaire justice.

Si, du moins, cette avalanche d’or avait eu le discernement de tomber sur de grandes choses ! Il serait bas et puéril de contester l’utilité de certaines fondations de bienfaisance. Mais, bon Dieu ! que d’absurdes largesses et quelle dilapidation insensée du patrimoine des vrais indigents !

Le trait caractéristique de la duchesse de Galliera paraît avoir été l’inintelligence absolue de toute réalité supérieure, l’amour exclusif du médiocre qu’elle se plaisait à magnifier du faste grossier de ses écus. Elle aurait fait dorer la Tour Eiffel ! Ses relations avec le comte de Paris le démontrent surabondamment. Ce ladre prince des économistes et des statisticiens dut trouver exquis d’être défrayé de la dépense d’un hôtel somptueux. Il est vrai que le doux roman eut la fin misérable qu’on sait. La duchesse ne pardonna pas à son hôte de s’être fait expulser, fut même épouvantée des paladines audaces de ce prétendant et finalement, découvrit le secret de l’annuler un peu plus que nature en le rayant de ses dispositions testamentaires, — ce dont l’héritier